Femmes de ménage virées : la commune a dû payer – Laurent Dufrasne CGSP
Le tribunal du travail donne raison aux 5 ouvrières
Rappelez-vous, c’était fin 2013. La commune de Colfontaine décidait de se séparer de ses 32 femmes de ménage pour faire appel au privé. La société Laurenty devait reprendre la plupart d’entre elles. L’idée avait soulevé de vives réactions pendant de nombreuses semaines. Finalement, la commune avait repris en son sein les femmes de charge. Cinq d’entre elles avaient malgré tout été licenciées. Elles ont lancé un recours au tribunal du travail. Le jugement, rendu en 2016, est passé inaperçu, mais il donne finalement raison aux 5 ouvrières concernées.
À l’époque, l’objectif de la commune, en difficulté financière, était de faire des économies. L’idée était d’épargner 350.000 euros sur le budget 2014. Reste que cette décision avait provoqué un énorme tollé. L’opposition, les syndicats et les femmes de charge elles-mêmes étaient montés au créneau. Le dossier avait provoqué des manifestations ainsi que des conseils communaux très chahutés. Le ministre de tutelle s’en était même mêlé. Au bout du compte, les emplois avaient été maintenus dans le giron communal. Reste que 5 dames sur les 32 avaient malgré tout été licenciées.
Via leurs syndicats, un recours avait été lancé au tribunal du travail. Le jugement prononcé donne raison aux 5 femmes concernées. Il était jusque-là passé inaperçu. Il a été rendu en avril 2016. Et c’est il y a quelques mois, en fin d’année 2016, que les ouvrières ont pu toucher les indemnités que la commune a été condamnée à verser.
« J’aurais préféré qu’elles continuent à travailler au sein de la commune, bien sûr, mais on a effectivement gagné dans le cadre d’un licenciement abusif pour les 5 personnes, confirme Laurent Dufrasne de la CGSP. Le permanent s’était fortement mobilisé dans ce dossier en 2013. Elles ont pu toucher, en fonction de leur ancienneté et de leur volume de travail hebdomadaire, des indemnités complémentaires. »
Laurent Dufrasne explique qu’aujourd’hui cela se passe beaucoup mieux pour les femmes de charge de Colfontaine. « Nous avons retravaillé sur l’organisation du travail. Une nouvelle brigadière avait alors pu être engagée. Ils ont investi dans du nouveau matériel. Désormais, ça se passe bien. »
De son côté, le bourgmestre de Colfontaine, Luciano D’Antonio, précise que pour les 5 dames concernées, la commune a dû payer un peu moins de 20.000 euros. « Le tribunal a penché en faveur des femmes de charge, souligne-t-il,nous avons dû payer des sommes supplémentaires mais à cause d’une histoire de préavis, pas parce que cela a été reconnu comme licenciement abusif. »
Et d’expliquer que les sommes en question ont été intégrées dans le budget via une modification budgétaire. « Nous avons finalement décidé de ne pas aller en appel de ce jugement. »
Sur les 5 femmes de ménage licenciées en 2013, toutes n’ont pas retrouvé un emploi. L’une d’elles travaille désormais dans une école de la région montoise.
Nathalie a créé son job
Nathalie, elle, a créé son propre job. Elle est devenue indépendante. Elle vend tous les accessoires nécessaires pour créer des bijoux fantaisie.
« J’étais déjà indépendante complémentaire à l’époque, je suis devenue indépendante à temps plein , précise-t-elle. À l’époque, je n’avais que 5 ans d’ancienneté, c’était moi qui avais le moins d’ancienneté des 5, mais c’est difficile de retrouver un travail à notre âge… Je sais qu’une autre femme concernée n’a toujours pas retrouvé d’emploi. C’était pourtant la plus vulnérable car son mari n’avait déjà plus d’emploi… Une autre dame s’est retrouvée sur la mutuelle… »
Aujourd’hui, elles veulent tourner définitivement la page. « Nous étions quand même contentes d’avoir obtenu gain de cause. Nous avons été malmenées pendant de nombreux mois. C’était même devenu une affaire politique… »