Plus de 12.000 personnes selon le front commun syndical – et 9.000 selon la police – ont manifesté lundi matin dans les rues de Namur contre la réforme des aides à la promotion de l’emploi (APE) qui doit être votée cette semaine au Parlement de Wallonie, et plus généralement contre la commercialisation du secteur non-marchand.
Parti peu après 10h00 de la gare de Namur, le cortège multicolore et bruyant est arrivé aux environs de midi sur la place Saint-Aubain. «Nous sommes plus de 12.000, aujourd’hui, pour dire ’non’ à la marchandisation des services à la personne, ’non’ à la diminution des moyens consacrés aux services publics et ’non’ à l’asphyxie financière du tissu associatif», y a martelé Marc Becker, secrétaire national de la CSC.
«Nous sommes demandeurs de réformes pour nos secteurs; mais pas comme ça. Depuis près de deux ans, le ministre Jeholet méprise ceux qui se lèvent tôt pour travailler dans les crèches, dans les maisons de repos ou encore dans les centres d’insertion professionnelle, des secteurs essentiels qui sont menacés car les réformes du gouvernement ne leur permettront plus de vivre», a ajouté le responsable du syndicat chrétien.
«Si ces textes sont votés en l’état, le cdH en portera une grande responsabilité et l’on s’en souviendra en mai prochain», a-t-il encore averti.
Les mots sont tout aussi durs du côté du syndicat socialiste selon lequel «il manque 35 millions pour boucler la réforme des APE». «Et ces 35 millions, ce sont 3.500 emplois que nous ne laisserons pas disparaître», a affirmé le secrétaire général de la FGTB wallonne, Thierry Bodson.
«Nous avions raison depuis notre première manifestation, au printemps dernier: ce gouvernement est dangereux pour les services à la population; il est destructeur d’emplois; il est injuste car ses décisions ne sont prises qu’en faveur des plus nantis et il est nuisible pour la démocratie», a-t-il poursuivi, sous les applaudissements des manifestants.
«Pierre-Yves Jeholet est le champion du monde de l’entêtement. Il veut faire passer ses réformes au pas de course avant les élections. Mais après le 26 mai, on se retrouvera avec une partie des textes votés seulement, ce qui créera un vide juridique sidéral», a par ailleurs relevé Thierry Bodson en dénonçant «l’irresponsabilité politique» du gouvernement régional.
Ce dernier a «au moins une qualité: il a réussi à créer un large front contre lui», a-t-il dit.
C’est que – fait rare – syndicats et employeurs parlent d’une même voix contre la réforme des APE. «Promouvoir le ’jobs, jobs, jobs’ au fédéral et réformer les APE comme le gouvernement wallon le fait, c’est schizophrénique», ont ainsi résumé les responsables de la CESSOC, la confédération des employeurs du secteur sportif et socioculturel. «Tout comme les syndicats, nous refusons une réforme incohérente qui met en péril la survie des plus petites ASBL et qui fera passer à la trappe les emplois non-délocalisables. C’est toujours ’les plus p’tits qu’on spotche’, il faut que ça cesse», ont-ils conclu.
La réforme des APE doit être soumise au vote du parlement wallon mercredi en séance plénière alors que la coalition MR-cdH vient d’y perdre sa majorité après le départ annoncé de la parlementaire libérale Patricia Potigny vers les listes Destexhe.